Diane est un papillon qui court après les papillons, créatures flamboyantes d’un jour, chrysalides en métamorphose constante. Son mouvement perpétuel l’ouvre à l’infinité des possibles, des expressions, des intuitions, des êtres et des situations. Elle ignore les dogmes car ils barrent le chemin de la transcendance et ternissent le miroitement de la vie sans cesse renouvelée. Elle n’est d’aucun parti, d’aucune chapelle, d’aucune obédience, car l’appartenance étoufferait sa flamme et sa quête de vérité. Son empathie s’éveille en ressentant la vibration sincère de l’autre et ses antennes sont si longues et sensibles qu’elle imagine, cherche et trouve des trésors humains là où l’impatience, l’insensibilité et la hâte ne verraient que banalité.
Son œil physique et son œil mental ne forment qu’un. Indissociables, ils parcourent le monde, ses paysages, sa faune humaine et animale, en guettant cet instant qui résume une atmosphère, un lieu, un être. Et là, que ce soit avec un appareil professionnel ou avec le portable, elle cueille la fleur fugace, la fixant dans une image.
Ne cherchons pas dans son œuvre de concept, de thème ; elle les évite de même que les dogmes. Pas de séries non plus, car elles étoufferaient le souffle imaginaire, interdiraient la disponibilité aux impressions mouvantes. Elle fit parfois des projets organiques (une suite de lits, de pieds ou de mains) mais elle ne les exécuta jamais ; ils lui apparurent soudain comme les cimetières de l’élan créatif.
Comme il en est de la véritable littérature, ses œuvres distillent une musique. La sienne est intime, feutrée, composée de peu de notes, frôlant ce royaume essentiel où le silence bruissant abolit le vacarme explicite. Les blanches et les pauses de son hymne exaltent l’esprit et réunissent les cinq sens fragmentés par les conventions. Un parfum se dégage de ses intérieurs mystérieux noyés dans la pénombre : celui de la vie qu’on y mène, des nourritures qu’on y mange, des livres qu’on y lit, des êtres qui les habitent. Un bruissement de feuilles et le goût d’un agrume émane de ses jardins et vergers, car ses images ne décrivent pas l’arbre et ses fruits mais cherchent leur résonance.
Ses scènes animées de personnages et ses portraits expriment la proximité de Diane avec l’humain. Compréhension que permet sa perpétuelle conversation intérieure.
Diane puise ses trésors de perception dans une ouverture naturelle au règne métaphysique. Elle l’a cultivée par son courage spirituel, en cherchant l’absolu sans contourner le néant.
Ralph Toledano
Février 2023